L’ELOGE DE L’AUTRE - Merci Christian


L’ELOGE DE L’AUTRE

Dédié à Anne,
Fœtus …
C’est du fonds d’un océan de ténèbres et de silence  que nous émergeons. Dans l’inconscience, hors du temps et de l’espace, nous avons été le UN total, le Tout, le fœtus en fusion dans le ventre maternel, cet ‘’Autre’’ premier et inconnu.
Big-bang …
Dans la paix, la sérénité, le calme, à peine atteint par le fonds de bruits de l’univers extérieur, s’est produit un premier chaos sismique, un cataclysme infernal. De contractions en poussées terrifiantes, j’ai été projeté dans la lumière, le bruit, le froid et l’air qui a forcé impitoyablement mes poumons.
Après mon cri de colère, mes pleurs désespérés ont dit ma perte du paradis perdu. J’étais UN, je suis né AUTRE.
Expansion…
Bercé sur le ventre maternel, cet Autre premier, rassuré par sa voix, réchauffé à son contact, calmé par sa douceur, j’ai établi dans mes sens mes émotions naissantes et dans l’obscurité de mon inconscience, la quête du paradis perdu : Amour total, infini, inconditionnel et éternel. Mais le temps et l’espace me sont  devenus mesures, limites et finitude. En échange, le langage et la conscience me seront donnés.
Toi et moi …
Par l’autre je suis né, par les autres je me construits et je deviens. Avec les  autres, je poursuis ma quête. Il y a cet autre si semblable et si différent, d’un autre sexe.  Et ceux-ci, d’une autre génération, si proches et si étrangers. Et celui-ci, d’une autre couleur, d’une autre race, d’une autre culture. Et ces autres encore, qui m’ont précédés depuis des milliers d’années, disparus et toujours présents. Il  y a aussi toutes choses qui me sont extérieures, qui me sont autres ; cet arbre, cette fleur, ce tableau de maître, cette musique et cette nature si belle et si généreuse.
Jeux du ‘’je’’…
Et de tous ces Autres,  accompagnateurs présents en moi, j’ai fait l’autre de moi, altérité fondatrice qui me fait être et accoucher sans cesse de moi-même, toujours reconstruit et renouvelé par ma relation à l’Autre, aux  Autres, et à moi-même. C’est ainsi que la douleur de l’Autre est mienne, que sa joie m’est offerte en partage, que la destruction de mon environnement est ma destruction ; que sa beauté m’attire et m’invite à être l’arbre, l’air, le fruit, la fleur…
Et découvrir dans la quête du paradis perdu que cette diversité de tant d’autres est en moi, et qu’ainsi je me rapproche du UN, ‘’Corpus Humanitatis’’ qui m’apprends que sans l’Autre, je ne suis rien.

Situer l’autre… Si tu hais l’autre…  Si tu es l’autre…
Mais si tu es  je suis, si tu es je suis, si tu es je suisAlors,  Nous sommes.

Sujet imposé, concours de poésie de la ville de Lyon – 2008 – écrit par mon ami, mon frère Christian Hyerlé

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